SOUS L’ŒIL DU DRAGON: portraits, anecdotes, de 1789 à nos jours

 


Cet exposé a été présenté à la salle des fêtes de Fougères sur Bièvre le dimanche 14/01/2024 devant une centaine de personnes (photos de ce jour à la fin de l'article).

Il fut dédié à Martine Royer-Valentin-administratrice du château. 

Furent remerciés pour l'accueil et l'aide logistique les maires délégués de Fougères sur Bièvre et de Feings, Mrs Martellière Éric et Besné Christophe ainsi que l'élue déléguée à la culture, Béatrice Huc. 





Le Dragon, girouette en haut de la grande tour ronde.

 
Le Dragon, déjà visible sur les cartes postales du début du siècle dernier...


La grande tour ronde avec sa girouette dragon


Photographies, période halloween … clins d'œil
 



Mesdames, Messieurs, Chers Amis.

Parmi vous, ceux qui, comme moi, étaient à Fougères il y a juste 6 mois, le vendredi 28 juillet, l’après-midi plus précisément, doivent se souvenir du terrible coup de tonnerre de 16H. La foudre est tombée sur le paratonnerre du château au cours d’un orage accompagné de pluies diluviennes, 40 mm d’eau en moins d’une heure. Au pied du monument, les bénévoles des Zygophonies tentaient de protéger les installations en vue des spectacles de fin d’après-midi. Ils se souviendront longtemps de cet éclair et de ce bruit assourdissant…

Et bien ce jour là, je travaillais sur le texte  relatant un événement identique survenu justement le 28 juillet 1789 !!! soit juste 234 ans auparavant: 

Ci-dessous le texte original écrit par le curé de 1789, Charles Lubin, puis le même texte "traduit" en français du XXème siècle, puis enfin le texte tapuscrit pour cet exposé et conservant, le style et l'orthographe.

Page du registre titrée: "Effets Surprenants du tonerre"

Deuxième page concernant l'affaire avec la signature des différents témoins (dont Dufour). Le paragraphe suivant rédigé en août 1789 concerne le baptême d'une petite Catherine Quenioux …


"Traduction" manuscrite au XXème siècle. Les copies de l'original et de cette "traduction" m'ont été fournies par la famille Goyer. Merci. C'est une page du registre de la paroisse tenue par le curé.



Et pour terminer le texte tapuscrit pour l'exposé du 14 janvier 2024 avec orthographe respectée.

-LE COUP DE TONNERRE DE JUILLET 1789 A FOUGÈRES (pas encore sur Bièvre):

28 juillet 1789 à Fougères --- Effets Surprenants du tonnerre…

L’an 1789 le 28 juillet à 1h 1/2 après nuit sans qu’il paraisse auparavant presqu’aucune apparice d’orage sinon que le temps était nuageux et inconstant à la suite de pluies abondantes que l’on éprouvait depuis environ six semaines, après quelques coups de tonnerre que l’on entendait fort confusément et dans le loingtain ; tout a coup  a partir d’un petit nuage un coup de tonnerre afreux suivi de pluies abondantes et de grêle qui s’est porte sur la pointe de la grosse tour ronde du Château de cette paroisse. Ce coup de tonnerre parait s’être divisé en deux parties par le moyen de la barre de fer qui soutient la girouète de cette tour ; une partie de l’air électrique a filé sur la couverture de cette tour qu’il a découvert sur largeur de cinq a six pieds du côté de la porte d’entrée du dt château du haut en bas, et a fait plusieurs fractures et déchirements dans l’intérieur de cette tour . L’autre partie de l’air électrique a filé du côté de la petite cour intérieure au dessus de la cuisine ou après avoir Découvert de même la tour a crevé le mur a l’angle gauche de la croisée de la chambre Supérieure a pénétré dans le mur en descendant au travers pour se porter en suite dans la chambre d’au dessous de celle du comble ou il a rompu en trois morceaux le Siège de pierre dure qui tient à la croisée de cette chambre ainsi que de grosses planches qui servaient de lambry d’apui , dechire les rideaux d’un lit proche de la de croisée sans faire de mal à la dame Bertin mère qui était couchée dans ce lit. l’air électrique est sorti de cette chambre par une ouverture au bas de cette croisée et a descendu directement le long du mur qu’il a endommagé dans toute sa longueur pour rentrer dans les cuisines du château par le haut de la croisée de la dite cuisine qu’il a rompu. La le tonnerre s’est porté en raclant deux soliveaux de cette cuisine sur la …. de la cheminée et en décrivant un angle long a passé sous la table de la cuisine qui était au bas de la croisée sur laquelle mangeaient alors le Sr françois bertin père régisseur du château, marie Berthelin sa domestique et un fendeur de bois. L’air électrique n’a fait aucun mal ny a la domestique ny au fendeur et n’a frapé le Sr Bertin d’une manière incomprehensible  il lui a brulé par effleurement La jambe gauche depuis au dessus de la cheville du pied jusqu’au dessous du genou Le long du gras de la jambe, a brulé sa guête par-dessous sa jambe dans toute sa longueur sans ataquer le bas de laine qu’il avait alors a la jambe  de la l’air électrique est entré dans sa culote dont le dessus a été dechire sans que la doublure ait été offenscé   il y a fait deux trous assez considerables a sa chemise a blessé le d Sr Bertin en deux endroits a l’aisne du cote gauche et proches les parties qu’il a un peu offensé par-dessus de la  est remonté depuis le bas ventre du D Sr bertin jusque sous l’aisselle et l’a brulé dans toute cette longueur a la peau de la largeur de quatre p. il a attaqué en passant le nerf sous le jaret  de la jambe droite Sans qu’on ait pu apercevoir comment comment il a pu penétrer jusqu’à ce nerf  enfin les cuisses et les jambes du D Sr Bertin ont été meurtries en leur entrer et sont demeurées toutes violettes de sorte qu’on l’a cru paralysé sans tout ceci fut …. Sans que l’interieur de son corps ait été offensé sans que le D’ Sr Bertin ait perdu connaissance. Apres 5 jours il a été en état de venir à l’église remercier DIEU de sa consideration lequel je certifie veritable avec le Sr BERTIN et le Sr Gilles BAISNÉE aussi de cette paroisse qui a signé ce requis dont acte.

Signatures : G Baisnée, Bertin père                          Lubin curé 



Commentaires sur ce texte :

J’y ai retrouvé avec plaisir les amis François Bertin et Gilles Baisnée. ainsi que celui qui écrit ce texte, le curé de 1789 Charles Lubin et la signature de Dufour. Il y a un peu plus de 20 ans j’ai écrit une histoire des maires et maires adjoints (voir article sur ce blog). François Bertin et Gilles Baisnée sont les tous premiers de la commune de Fougères, créée à la Révolution. Et début 1789 ils sont délégués de la paroisse pour porter les cahiers de doléances. Le curé Charles Michel Lubin dont le frère Ysier Lubin est curé de Feings jusqu’à son décès en 1789 justement, devient  2ème adjoint en 1793 et meurt quelques semaines après. C’est lui qui fournit le premier registre des délibérations du conseil municipal qui sera utilisé près de 50 ans et que nous avons fait restaurer il y a une quinzaine d’années (voir photo ci dessous).  Il n’y a plus de curé pendant la Terreur.     

Registre des délibérations du conseil municipal de 1790 à 1838 fourni par le curé Lubin et restauré au début de ce XXIème siècle.

Ci-dessous extraits de ce registre:

« Première « élection » : Le 2 juillet 1790 (presqu’un an après son coup de foudre), sont nommés par l’Assemblée Générale des citoyens actifs de la paroisse de Fougères (l’appellation « Conseil Municipal » n’apparaîtra qu’en 1842) :

Maire : Sieur François BERTIN (24 suffrages)

1er adjoint : Sieur Sylvain MARTEAU (23 suffrages) 

2ème adjoint : Sieur Gilles BAISNEE (19 suffrages) »

On peut noter que le premier Maire de Fougères est choisi au suffrage universel (si on peut dire il y a 26 citoyens  « actifs » électeurs sur 399 habitants). Sur le procès-verbal de cette première assemblée du 2 juillet 1790, il est précisé : "L’Assemblée du Mousseau est dissoute et il n’est pas permis qu’elle soit convoquée "…


Quelques autres évènements et personnages de la période révolutionnaire :


François BERTIN

1er Maire de Fougères, avait déjà été « député » de la paroisse pour les DOLÉANCES. Né le 24 octobre 1739, il était maréchal des forges aux Ouches. Il était aussi régisseur de la terre de Fougères. Son fils Gabriel sera également maire et fut le gendre de Gilles BAISNÉE. Ses contemporains, Gilles BAISNÉE décédé en 1807 à 85 ans et Étienne CHARBONNIER, décédé en  1808 à 72 ans auront également leurs fils élus. »

2-Deuxième intérêt de ce texte : la description du trajet de la foudre dans le château surtout quand on connait bien les lieux..

3-Troisième intérêt : la description du trajet de l’arc électrique et la description de l’anatomie du personnage. C’est magnifique et savoureux  ! De même que le vocabulaire de l’époque.

 

Charles Élie DUFOUR

Tonnelier, il devait être particulièrement populaire…Il fut longtemps procureur, commissaire distributeur, Maire pendant 15 ans puis adjoint 5 ans (1795-1815). Il termina sa carrière en refusant le poste d’adjoint où il avait été brillamment élu (42 voix sur 48). Son fils était aubergiste. Sous son mandat, beaucoup de choses se mettent en place : Le budget, les chemins vicinaux, le bureau de bienfaisance, un secrétaire de mairie (le curé-instituteur), les contributions… C’est aussi sous son mandat que la nuit du 14 prairial de l’an III  (2 juin 1795), il fut découvert à 4 heures du matin que l’arbre de la liberté avait été scié à 3 pieds de hauteur. On ne sut jamais qui fut l’auteur du délit…


Le Garde Champêtre :

À cette période est créé un poste de garde champêtre qui comme son nom l’indique, est chargé de la surveillance des récoltes. Le 1er garde champêtre de Fougères (19 messidor an II) est Joseph BECHELER. Il est déjà garde du citoyen Lambot. Il est payé deux cents livres par an avec le fond des amendes et si elles sont insuffisantes par tous les propriétaires de la commune. Suite aux plaintes de différents citoyens, Joseph BECHELER est révoqué à dater du 11 pluviôse an III par décision municipale… C’est lui qui se servait dans les champs


Wagram-Autriche et le pont de Fougères !

À cette période révolutionnaire succède la période impériale et ses guerres. 

Encre sur papier (après dessin au crayon) datée de 1815 intitulée : « pont de fougère 1815 ». Pour rappel, en 1809, après la bataille de Wagram, 60 prisonniers autrichiens furent casernés dans le château. Ils construisirent le pont sur la Bièvre. Le cours de celle-ci, n’était pas encore détourné et le bief alimentant la roue de la filature pas encore créé. Pendant de nombreuses décennies un panneau indiquant cet évènement est posé sur  le devant du pont (témoignage de grands anciens disparus, certains me parlèrent même de 600 prisonniers autrichiens, facétie de la mémoire humaine !!!). 

Ce dessin au crayon sur papier est intitulé (écrit à l’encre) : 1815 « vue de l’ancien château de fougère prise de la campagne ». Ce dessin est intéressant car il montre un élément disparu (à droite du dessin), au sud-ouest. Au milieu des branchages, émerge le toit d’un des deux colombiers du château. Celui-ci se situait à l’emplacement actuel n° 17-19 de la  rue de l’église. L’autre était situé au niveau de l’angle des communs et de la boutique actuelle du château.                                                                                                                                                                                                                            FC 2022


Ce dessin au crayon sur papier est intitulé (écrit à l’encre) : 1815 « vue de la porte du presbitaire de fougère prise de la cour ». Ce portail monumental n’est plus le même sur les photos les plus anciennes du début du XXème siècle (voir ci-dessous, vue de l’extérieur)                                FC 2022


Les trois dessins qui précèdent appartiennent à Madame Martine Tissier de Mallerais. Merci. Origine : Famille Lheureux, précédente propriétaire de l’ancien presbytère de Feings, demeure de la famille Tissier de Mallerais depuis 1974, également ancienne demeure de la famille de Courtilloles d'Angleville, descendants des Lambot de Fougères. 


RENÉ LAMBOT  personnage essentiel de la fin du XVIIIème et du début du XIXème            

Né en 1768, il décède à 81 ans le 16 janvier 1849 au château de Boissay, (certaines biographies erronées disent 1859). Ci-dessous sépulture de René Lambot attestant ses dates de naissance et de décès dans le cimetière particulier de la famille, intégré dans le cimetière (vieux) de Fougères.

Il achète, avec son père, le château de Fougères le 7 mars 1789. En 1792, il apparaît dans le collège des citoyens actifs. On dit alors Monsieur LAMBOT.

Sous l’an II, on dit le citoyen LAMBOT. En 1813, il est Monsieur LAMBOT de Fougères, principal propriétaire de la commune. Il fait une grande carrière administrative et politique. Il crée la filature dans le château en 1812. C’est un royaliste intransigeant, son père fut secrétaire du roi, lui-même avocat, sous-préfet, secrétaire général de la préfecture de police…

Anecdotes : En 1814, le 11 avril, il réussit à réunir les deux conseils municipaux de Feings (Maire, Monsieur CRETTET, adjoint Monsieur AUBERT) et de Fougères (Maire, Monsieur BOURJAILLAT et adjoint Monsieur CHARBONNIER) qui prononcent la déchéance de Napoléon BONAPARTE ! ! !

Puis le 28 août 1814, à l’occasion de la Saint Louis, il organise une grande fête (pour les 2 communes) et fait un discours : « Pour les motifs qu’ils doivent aimer le Roy ». Il fait crier « VIVE LE ROY », et distribuer du pain à la population, illuminer le château, etc…

Quelques mois après, la nouvelle municipalité (CHARBONNIER est resté adjoint, DUFOUR ayant refusé) de Joseph GERENTET prête serment…. à l’Empereur.

Quelques mois passent, et BOURJAILLAT redevient Maire et prête serment au Roi (avec GERENTET adjoint !).

Les Maires suivants, BOURJAILLAT et DOUZEL prêtent serment au Roi en 1817, 1820 et 1826. Monsieur DOUZEL démissionnant pour raison de santé, c’est alors Monsieur le Baron LAMBOT de FOUGÈRES (il vient d’être fait baron par Charles X en 1826) qui est nommé par le Préfet. Il n’accepte que par " zèle et pour les intérêts de la commune, ses affaires le retenant plusieurs mois par an à Paris ".

Il est assez efficace puisqu’en quelques mois, il fait des réalisations qui étaient discutées depuis longtemps (nouveau cimetière, assemblée de septembre…).

Il est royaliste et … légitimiste. Par arrêté ministériel du 31 décembre 1830 du Ministre de l’Intérieur du nouveau roi « LE ROI DES FRANÇAIS », Monsieur LAMBOT de FOUGÈRES est révoqué de sa fonction de Maire.

Le conseil municipal, par la voix de l’adjoint BERTIN Gabriel se dit surpris et peiné et refuse de donner une liste de 3 noms au Préfet, ce qu’il fera finalement. Le Préfet nommera alors le nouveau Maire, qui ne sera autre que … BERTIN Gabriel. Le Baron est élu conseiller par 33 voix sur 35. BERTIN démissionne en 1839.

En 1834, René LAMBOT de FOUGÈRES est toujours conseiller et son fils Edmond, candidat, ne pourra être élu car la commune a plus de 500 habitants et il ne peut y avoir 2 membres de la même famille au sein du conseil.

En 1848, le conseil donne son adhésion au gouvernement provisoire (Monsieur LAMBOT de FOUGÈRES, conseiller, est alors absent de la commune) et jure fidélité en 1852 au Président. Le même conseil en 1853, jurera obéissance à l’Empereur…jusqu’en 1870 puis à la 3ème République…

Arthur Lambot baron de Fougères, l’un des fils du Baron fait construire le manoir dans le parc de la Boulas (36 Ha) en 1857 (ci-dessous)


Son petit-fils René Raymond Lambot, baron de Fougères, né en 1843, sera Maire à la fin du siècle puis au début du suivant (voir plus loin). 

Arthur Lambot, baron de Fougères, d’après différentes biographies aurait connu 3 siècles, en effet, né en 1799, il décède en 1902 à 103 ans … En fait sur sa sépulture (ci-dessous) il est indiqué décédé à 94 ans en 1902 !!! donc né en 1808 !

René Lambot de Fougères a écrit une histoire du canton de Contres qui fait toujours autorité (publiée en 1905 par son petit-fils René Raymond dans la revue du Loir et Cher).


 

LA FILATURE  

René Lambot est également célèbre pour avoir créé en 1812 la filature dans le château de Fougères. L’activité débute en janvier 1813. Une grande roue installée dans la chapelle, actionne les machines à carder. Pour  se faire, le cours de la Bièvre est dévié sous la chapelle et la galerie, ceci par la construction d’un pont-canal. Il faut dire que René Lambot est issu d’une lignée d’ingénieurs hydrauliques réputée. Les cardes et les métiers sont construites par les meilleurs mécaniciens de Paris. René Lambot dirige l’établissement avec un contremaître instruit

Cadastre napoléonien, avec dessin du bief créé à partir de la Bièvre pour passer sous la galerie du château, par un système de pont canal.


Plan de 1863 avec dessin du pont canal.



Photos du pont canal en mauvais état (2005 clichés FC) 


Travaux de restauration du pont canal par le Centre des monuments nationaux. 2023-2024




En 1836 le débit de la Bièvre ne suffit plus et il fait installer une machine à vapeur d’une force de 3 chevaux par Berendorf, constructeur parisien, la première et donc la plus moderne du Loir et Cher. Tout le monde connait les clichés du bâtiment et la grande cheminée. 


Aquarelle de 1899. A noter la présence des fils du télégraphe partant de l'ancien bureau de poste.

La grande cheminée fut démontée brique par brique en 1920 par Ludovic Cartereau, grand père de Mme Éliane Belin. Elle était faite de briques fournies par l’ancienne briqueterie de Cornilly et par Mr Sultra de Chitenay.



Le pignon du corps de logis où s’appuyait le bâtiment s’écroule le 21 mars 1926, jour de cavalcade et 200 m3 de gravats sont évacués pierre par pierre, à la brouette par Louis Brisemur sur instructions de Jules Grenouillot, architecte des Beaux-Arts… Louis Brisemur, disparu il y a 30 ans, m’a raconté tous ces évènements il y a plus de 35 ans !



La filature fonctionne du 1er janvier 1813 jusqu’en 1901.  Elle fut "remplacée" par une scierie pendant 4-5 ans (voir en tête ci-dessous)



Au XIXème siècle, pendant 70 ans, le maire fut soit le directeur, soit le propriétaire de la filature. 

Exemples : Directeurs de la filature et maires:

DOUZEL Joseph, maire de Fougères de 1820 à 1828 - DEVIVAISE Natalis , maire de Fougères de 1839 à 1847 puis de 1848 à 1853- BAILLEUX Alcide maire de 1853 à 1890. Ci-dessous le rapport de l’inspecteur du travail pour le travail des enfants en 1845. À cette époque Natalis Devivais(s)e est le directeur mais aussi le Maire de la commune.




Au début du XXème siècle, il y a cent ans, le château est habité par des familles (ʺHLMʺ de l’époque)…

Début XXème. Rideaux aux fenêtres des logements …


PORTRAITS DE MAIRES encore

Alcide Joseph BAILLEUX, est le plus marquant :

Né le deux Messidor, neuvième année de la République Française, correspondant au 10-06-1801, à Saint Omer dans le Pas de Calais, d’un père, prénommé Omer, ouvrier pipier. Il  décède le 7 avril 1890, à  Fougères, en son domicile de la Garenne. Filateur, il arrive en 1843 comme directeur de la filature de Fougères, occupant 55 à 60 ouvriers. Il est membre fondateur de la Société de Secours Mutuel en 1846-1849 (ci-dessous exemplaire de 1913)


Il construisit dans La Garenne (croix bleue sur le plan), sa maison connue actuellement sous le nom de ʺmaison des Diables Blancsʺ (photo ci-dessous) et la route de Sambin passera devant cette maison dorénavant.




Entre 1847 et 1890, pendant ces 43 ans, il fut 6 ans adjoint puis 37 ans maire (à compter de 1853). Il eut cinq adjoints différents. Il fut nommé ou (ré)élu à treize reprises. Médaille de bronze (au titre du ministère de l’intérieur) en 1857, Médaille d’argent en 1869. Il fut fait Chevalier de la Légion d’honneur      



Il construisit l’école de garçons-logement de l'instituteur-mairie (1862-63)


Il construisit l’école des filles 20 ans après (1885). Anecdote: Alors que le préfet avait du insister de longues années pour que soit construite cette école de filles, quand elle fut enfin terminée, elle était tellement mieux que l'école des garçons construite 20 ans plus tôt, le conseil municipal eut l'idée de l' attribuer aux garçons et de mettre les filles dans l'école de la route de Sambin !!! Le préfet (l'État était le principal financeur) s'y opposa formellement et jusqu'en 1953 ce fut l'école des filles ...

 Il construisit le lavoir (1885) , quatre selles, deux cheminées. 

Il porta le nom de ʺSur Bièvre pour Fougèresʺ afin de distinguer notre village de celui de Bretagne.. 

Il repose dans une imposante sépulture du vieux cimetière, avec son fils, homonyme, décédé peu de temps avant lui.

                                            



Raymond LAMBOT de FOUGÈRES, petit fils de René vu plus haut

fut Maire 23 ans en deux fois sur une période de 35 ans car battu 3 fois sur 12 ans ; il est le maire durant la guerre de 14-18 et a la lourde tâche de prévenir les familles des tués et les aider à demander les pensions (voir mon travail sur les Morts Pour le France). Petit fils de René, donc, il admire son grand père et fait publier les écrits de celui-ci sois l’égide de l’Abbé Porcher                                      




ILS ONT DONNÉ LEURS NOMS À UNE RUE OU UNE PLACE :

Amable QUENIOUX

Fils de Désiré Alexandre QUENIOUX (qui fut adjoint durant 15 ans), maire de 1904 à 1912, il a laissé son nom à une rue car il était agriculteur, coopérateur, mutualiste (il avait créé la distillerie). Pour mémoire : Maison d’Amable Quenioux : Fromenteau

                 

A gauche, Amable Quenioux maire 8 ans, au service militaire et à droite son père Alexandre adjoint 15 ans. (coll R-M Q.)


Louis GALLIER

Il devint maire au décès de René Raymond LAMBOT de FOUGÈRES ; Il fut instituteur, secrétaire de mairie, puis maire (il fit construire le mairie, route de Sambin en 1932). Il démissionna en 1938, tout en restant conseiller municipal (à partir de 1941, il n’apparaît plus aux réunions). Il décède en 1948 à l’âge de 89 ans. Son épouse Louise née Martinet, fille d’un cordonnier fougèrois était institutrice de l’école de filles 

Louis Gallier 1907, logement, école, mairie (secrétaire)


Mairie construite en 1932 par Louis Gallier


Maison de Louis Gallier à sa retraite (quand il fut maire en 1925)



Henri GOYER

Maire de 1965 à 1982, année de son décès, et surtout créateur d’une magnifique entreprise devenue, de par ses deux fils et quatre petits fils, aujourd’hui leader européen de son secteur, toujours fixée dans notre village. Je vous renvoie à mon article sur les 90 ans du groupe Goyer mais rappelons tout de même qu’avec son épouse Sabine ils furent les premiers gardiens auxiliaires du château durant 23 années. 

                               

Henri Goyer années 30 et années 70



Abbé Georges LEDUC 1893-1984. Il laisse dans la mémoire de la quasi-totalité  des Fougèrois un souvenir attendri et respectueux. Une plaque résumant sa biographie est fixée dans l’église Saint Éloi. Ancien combattant de la guerre 14-18, il arrive à Fougères sur Bièvre en 1928 et y exerce son ministère pendant 43 ans de 1928 à1971 (Sépulture Fougères)   




LES FOUGÈROIS - LA SOCIÉTÉ

Autour de son château, Fougères devenu sur Bièvre sous Alcide Bailleux pour ne plus le confondre avec Fougères et son château en Bretagne est un village rural comme 35000 autres en France. Une centaine d’exploitations font vivre 300 cultivateurs, viticulteurs, éleveurs. Au début du XIXème siècle et pendant de longues décennies la quasi-totalité des fermes d’ici et alentour appartient au « seigneur ». Mais dans le village il y a beaucoup d’artisans et commerçants : boulanger, boulangère, bourrelier, cabaretier, cantonnier, charcutier, charpentier, charron, cocher, cordonnier, couvreur, épicier, facteur des Postes, jardinier, maçon, maréchal, receveur des Postes dès 1892, sabotier, scieur de long, tonnelier etc… on retrouve tous ces métiers dans les actes d’état civil avec bien sûr instituteur, cardeur, filateurs … Il y a même eu à Fougères, au XXème siècle, des funambules !

Exemple de famille de fileurs : naissance du père de Bernard Ménager dont le grand père et la grand-mère travaillent à la filature. Ce sera le cas de son père né dans le château 

ci-dessous acte de naissance du père de Bernard Ménager. Le témoin, le père la mère sont fileurs


Bernard Ménager dont le père est né dans le château filature de parents fileurs, deviendra chef de la musique de Fougères-Feings. Il sera également maire de Feings (à gauche jour du conseil de révision en 1926 et à droite dans les années 70)





ILS ONT MARQUÉ LE VILLAGE

Georges VARAGNAT n’a pas de rue ou de place à son nom. Sans doute l’eut il mérité.  Georges William Varagnat (1888- 1980) fut instituteur des garçons, on dit le Maître, de 1919-1943. Période durant laquelle il fut aussi un admirable secrétaire de mairie sous trois maires (Raymond Lambot de Fougères, Louis Gallier son prédécesseur maître-secrétaire de mairie et Charles Girault). Tous les documents archivés en mairie sont manuscrits, à l’encre et à la plume, et d’une écriture remarquable, admirable.







Élève maître de 1904 à 1907, stagiaire à Villebarou en 1911 et à Chitenay en 1911-12. Titulaire 1 an à Villebarou puis de 1913 à 1919 à Cellettes. En fait, il fut mobilisé au front du 1/8/1914 au 12/07/1919. Auparavant, il avait fait 2 années de service militaire en 1908-1909 soit 7 années de service militaire. Il était décoré de  la « Croix de Guerre ». En 1940, Robert Hervet, l’instituteur nommé, est prisonnier et donc Mr Varagnat fait du ״rab״ (ensuite retraite à Bas Rivière). Né à Blois et décédé à Orléans tout comme son épouse Henriette née Mortain (1892-1973). Ils eurent deux enfants, Micheline (1914-1984, Orléans) et Roland (1922-1952), né à Fougères sur Bièvre décédé sur un terrain de football. Ils sont enterrés au cimetière de Blois avec leur fils.

Il créa la 1ère société de musique, apprit la musique à de nombreux élèves et rendit sa baguette le jour où quelques musiciens allèrent jouer à l’église alors qu’il était convenu que la musique n’irait pas (comme prévu dans les statuts et après un vote négatif), juste avant la guerre …

 « Il veillait à ce que chacun des garçons de sa classe se décoiffe en passant devant le monument aux morts, en passant discrètement dans la petite rue, de nom actuel rue du Bourg» « Il était brave, gentil, bon ; il aidait les pauvres (pour faire les papiers etc…) ». Tous les fougèrois qui m’en ont parlé, lui vouaient une grande admiration et un grand respect.

Mr Varagnat dans les années 70


Madeleine LEMAIRE , à l'origine du centre rural Boissay

Originaire de Feings, la guerre la ramena dans son village natal, FEINGS, où, tout en soignant ses parents malades, elle travaillait au renouveau chrétien de la paroisse. Il y avait aussi, tout près de Feings, un château délabré, occupé par les Allemands, livré au pillage. "Quelle belle école, on pourrait faire là !" disait elle

Un jour vint, où Madame de Fougères se rendit chez Madeleine LEMAIRE : "Magdeleine de Quatrebarbes ma cousine, dernière propriétaire de BOISSAY, met le domaine en vente. Elle a entendu parler de vos projets : elle vous donnera la priorité". Madeleine LEMAIRE sentit combien il serait important de faire de ce lieu un centre d’apostolat rural. Vivement encouragée par sa communauté, elle s’employa à rassembler les fonds nécessaires et le 04 Novembre 1946, l’acquisition était réalisée : Ici commence L’HISTOIRE. PAQUES 1947 – Une équipe des Écoles Charles Péguy commence, dans le labeur et la joie, quelques aménagements rudimentaires. L’architecte, le maçon, le menuisier sont à l’œuvre. Et puis … Mesdemoiselles COMEAU, GONICHE, PREVOTEAU, TRANCHANT… 



Marc Liger (ci-dessus) présent sur la photo du groupe de communiants, devenu maire de Feings en 1977 (jusqu'en 2008)
Guy Maison (ci-dessous) présent sur le même cliché sera maire de Sambin de 1977 à 2008.





Noël GIRAULT, 39 années adjoint

Père de Charles Girault maire de 1938 à 1944 et frère de Charles Girault garde champêtre durant 31 années de 1900 à 1931, Noël Girault fut durant 39 années le premier adjoint de 4 maires de 1896 à 1935. C’est le recordman du poste ! Photo de 1944 avec son arrière petit-fils Alain Robert (coll A.R.).

ANECDOTES

CHATEAU RESTAURATION LE DRAGON 29m

En 1936, la restauration du château bat son plein. Les compagnons couvreurs achèvent le sommet de la grande tour ronde. Avant de fixer le dragon, tout en haut, à 29 m je crois, il le promènent dans les maisons du village en proposant aux habitants de l’embrasser car ceux-ci n’auront plus jamais l’occasion de le faire. Chacun s’exécute et offre un verre de vin aux audacieux compagnons. À la fin de la tournée ceux-ci grimpent sur des échafaudages qui n’ont rien à voir avec ceux d’aujourd’hui cela en état d’ivresse!!!!voir 5 clichés ci dessous de la restauration de 1936 par ces audacieux compagnons (coll J. Aymon):











LA "COUR DES MIRACLES" 

Tous les anciens fougèrois connaissent ou connaissaient la ʺcour des miraclesʺ. C’est-à-dire ? Voici un article de journal vieux de 120 ans retrouvé dans les archives du net :

Extrait de " L'écho du merveilleux..." Edition 1897-1914 … Sur la route de Feings, à l'extrémité du bourg, se trouve une maison habitée par un sieur            Prouteau, géomètre expert, sa femme, son gendre et son petitfils, ce dernier âgé de douze ans. Depuis qu'ils occupent un appartement au rez-de-chaussée, c'est-à-dire depuis deux mois des faits étranges se répètent matin et soir. La maison tremble, les vitres et les cloisons            résonnent de coups violents, les rideaux s'agitent. Un bruit de tonnerre se fait entendre qui se  répercute au loin. Tous les Fougérois sont en émoi. Les bruits et les phénomènes se produisententre 4 heures et 7 heures du matin et vers 8 h. 1/2 du soir. Comme d'usage, la gendarmerie    enquête, mais ne découvre rien. M. Prouteau, qui n'est pas superstitieux, ne sait à quelsaint sevouer. Un incident amusant s'est produit il y a une dizaine de jours. Un certain nombre de personnes ayant envahi la maison, l'une d'elles s'écria, au moment où un coup était frappédans la cloison : « Dis donc, le Cognard, toi qui es malin, combien  coûte un litre de vin ? »  Et aussitôt, en réponse, douze coups retentirent dans la cloison ; douze coups, douze sous. 

Les faits sont-ils sérieux ? C'est ce que nous ne pouvons dire ; seule une enquête sur place nous édifierait …


ILS AVAIENT UN LIEN AVEC FOUGÈRES SUR BIÈVRE…


Jean Claude MORINA

JC Morina, créateur de la célèbre biscuiterie, actuellement Saint MICHEL à Contres, est né à Fougères sur Bièvre en 1930 dans la boulangerie de son père. Il va à l’école dans la classe de Mr Varagnat qu’il vénère et respecte (voir cliché classe de Mr Varagnat 1943 plus haut). Il part à 14 ans en apprentissage à Blois puis travaille à Paris à l’ambassade des États Unis. Jusqu’à sa retraite et la vente de sa biscuiterie, son logo utilise le dessin du château de son village natal. Voir article du blog consacré à JC Morina et sa famille.

Après la vente de son entreprise, le logo château de Fougères sur Bièvre fut remplacé par une toque de pâtissier. Jean-Claude en fut quelque peu contrarié…


ʺl’ arboriculteur inconnuʺ de Fougères sur Bièvre 

Patrick CHAMPETIER DE RIBES

Né à Neuilly sur Seine en 1925, il eut un magnifique parcours militaire à la libération de Paris puis dans la 2ème DB qui ira jusqu’à Berchtesgaden. Il assure une brillante carrière de chef d’entreprise, au sein du tribunal de commerce de Paris et à la chambre de Commerce et d’Industrie. Entre autre il fut Officier de la Légion d’Honneur et président de l’association Valentin Haüy. À Fougères dans sa belle résidence du Montcrochet qui abrite encore l’oratoire de Sainte Jeanne de France, duchesse d’Orléans, fille de Louis XI, il était ʺl’ arboriculteur inconnuʺ comme il me l’avait écrit quand j’étais maire… En effet dans les bulletins municipaux annuels nous éditions la liste des professionnels du village, et lui … avait été omis … Cela resta un clin d'œil complice entre nous … FC



Ci dessous clichés de la galerie à arcades du château de Fougères sur Bièvre à deux époques différentes.



MERCI DE VOTRE ATTENTION

                                            



Pour retrouver d’autres portraits, d’autres histoires de notre village je vous invite à consulter mes deux ouvrages et mon blog   memoirefougeressurbievre  :

Quelques Références :

TOUS LES MAIRES DE FOUGÈRES               blog google : memoirefougeressurbievre

TOUS LES CURÉS DE FOUGÈRES                 blog google : memoirefougeressurbievre

LA CAVALCADE DU 21 MARS DE 1926        blog google : memoirefougeressurbievre

GOYER 90 ans + 1 TROIS GÉNÉRATIONS     blog google : memoirefougeressurbievre

PATRIMOINE DANS VOTRE COMMUNE N° 55 CONTRES CDPA 41 année 2022 pages 212-218

ARCHIVES MUNICIPALES

ARCHIVES PERSONNELLES 

MONOGRAPHIE DU CANTON DE CONTRES 1904- exemplaire personnel

FOUGÈRES SUR BIÈVRE au XXème SIÈCLE -1914/1995-village rural français atypique-vie sociale 2021

FOUGÈRES SUR BIÈVRE-ENTRÉE DANS LE XXIème SIÈCLE-1995/2014-village rural français atypique-vie sociale 2022 





Ci-dessous quatre photos prises lors de la présentation du dimanche 14 janvier 2024 à Fougères sur Bièvre






Commentaires

  1. Merci pour cet exposé très enrichissant

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  2. Lydie RICOY-CLOUSIER26 février 2024 à 19:59

    Merci infiniment Mr COULON, très bel et riche exposé sur notre village et notre château. Très émouvant aussi. Mes parents aurai beaucoup aimé votre travail surtout mon père.
    bien à vous

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  3. Thierry VIVIANT4 mars 2024 à 12:10

    Merci pour cet énorme travail et ce récit passionnant qui permet à tous de bénéficier de votre savoir et de vos recherches sur notre magnifique commune. Mille fois merci.

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